Quelle est la stratégie des assureurs face aux risques climatiques ?
Les assureurs sont confrontés à des défis majeurs face à l’augmentation des risques climatiques. La première réponse possible consiste à mieux intégrer ces risques dans les politiques de souscription par une modélisation plus fine des risques – les avancées technologiques permettant par exemple une modélisation à l’adresse tenant compte d’un grand nombre de facteurs de risques – mais aussi, et peut-être surtout, par une modélisation moins dépendante des seules données historiques. Une étude récente de KPMG auprès d’assureurs européens montre ainsi que plus de la moitié des assureurs sondés intègrent désormais une évaluation prospective dans leur processus de souscription.
Au-delà de leur effet positif sur la rentabilité des assureurs, de telles mesures fournissent à l’ensemble des acteurs de la vie économique un signal prix sur l’exposition aux risques climatiques via l’évolution des primes d’assurance, contribuant ainsi à favoriser des comportements plus responsables.
Prises isolément, ces politiques ont cependant des limites. Elles peuvent en effet conduire à exclure de l’assurance les zones les plus fortement exposées ou à y appliquer des tarifs dissuasifs pour la partie la plus vulnérable de la population. Il apparaît donc crucial pour les assureurs de définir des politiques permettant de maintenir une certaine mutualisation des risques et d’ainsi concilier rentabilité et solidarité dans la gestion des risques climatiques.
Quelles autres actions les assureurs peuvent-ils mettre en Ĺ“uvre pour soutenir une transition Ă©quitable ?
Les assureurs ont tout d’abord un rôle à jouer dans la prise de conscience des risques climatiques par tous les acteurs de la vie économique, qu’ils s’agissent des entreprises, des particuliers ou encore des autorités locales. Cette sensibilisation est en effet un préalable essentiel pour favoriser la mise en mouvement de toute la société et les assureurs, par le grand nombre de données dont ils disposent et leurs grandes capacités de modélisation, sont sans aucun doute parmi les mieux placés pour le faire.
Le secteur a également un rôle majeur pour favoriser la mise en œuvre de moyens de prévention notamment par des analyses de vulnérabilité aux risques lors de la souscription et la mise en œuvre de plans d’actions appropriés. Et la bonne nouvelle c’est que, au moins pour certains aléas, la prévention marche particulièrement bien : par exemple, pour les inondations par débordement et par submersion, des études CCR ont montré qu’1 euro investi permet d’éviter 3 euros de dommages ultérieurs.
Enfin, les assureurs peuvent contribuer à la définition et à la mise en œuvre de solutions d’adaptation aux risques climatiques, notamment dans le cadre de la gestion des sinistres, par exemple en favorisant la reconstruction après un dommage avec des matériaux et des techniques offrant une plus grande résistance aux risques.
L’ensemble de ces actions peuvent être menées dans le cadre des contrats d’assurance mais aussi faire l’objet de services dédiés : une étude de KPMG montre ainsi que plus d’un assureur sur 5 offre aujourd’hui ou prévoir d’offrir à relativement court terme des prestations de conseil ou de services sur les risques climatiques.